C'est absolument fascinant d'assister à une transformation humain/animal et animal/humain passant uniquement par des mouvements de danse. Le déploiement des bras, les mouvements de tête, le battement des d’ailes, une femme prête à l'envol. Troublant aussi une telle grâce, précision, la fluidité aussi, l'harmonie et la légèreté de chacune des remarquables danseuses. Un ballet théâtral, des danseurs comédiens qui insufflent le trouble, la peur, la peine et l'amour.
L'acte II que j'attendais avec impatience s'ouvre sur une lumière bleutée, presque noire où rayonne le blanc des tutus (24 si j'ai bien compté) dans un alignement parfait. L'espace toujours structuré et les apparitions graphiques des cygnes m'enchantent comme les passages des 4 danseuses entrelacées. Elles sont toutes sublimes, étincelantes. Le fameux fouetté du cygne noir (32 ?), l’apparition très remarquée du bouffon, les cabrioles, les arabesques, le jeté, les pointes, tout y passe. Mais malgré mon manque de connaissances en danse classique, impossible de ne pas remarquer la perfection encore plus parfaite du cygne Odette en comparaison aux autres cygnes.
Joie intense : le talentueux chef d'orchestre et ses musiciens qui comme par magie calent chaque début de musique sur le pas de danse à venir. Cela semble si simple, si naturel. Et le thème musical qu'on connait tous qui réapparait à divers moments pour finir en beauté dans l'acte IV. Les frissons me gagnent lors de la scène finale, puis l'étonnement et la déception car dans cette version le prince et Odette triomphent du méchant sorcier. J'adore les happy end mais le lac des cygnes c'est une fin à la Black Swan, c'est la mort, l'amour impossible quoi !
Continuons dans la critique moins sympa...
Petit bémol : le prince trop musclé à mon goût, un peu "lourd" et pas vraiment aérien. Et pour info mesdames ce sont des coques sous
les caleçons ! Oui ces messieurs les danseurs nous évitent un ballet d'un tout autre genre !
Énorme bémol : la salle (les Arènes de Metz). Voir ce spectacle uniquement par trou et jamais dans son intégralité est tout simplement hyper rageant et honteux particulièrement quand vous vous êtes offert une place "carré or", les places les plus chères et censées être les meilleures. En fait ce fameux parterre est au pied de la scène. Cette dernière est certes surélevée mais les places assises étant toutes au même niveau, vous avez forcément des plus grands devant vous. Votre vision de la scène se résume alors à une tête, un trou (pour apercevoir la scène), une tête, un trou, une tête, un trou. Vous assistez à un double ballet avec la tête des spectateurs carré or, un coup à droite, un coup à gauche (non ce n'est pas drôle) ! Option bonnes crampes en rentrant. Ah ! Et mes voisines insupportables qui ne voyaient rien non plus et qui piaillaient sans arrêt. Elles se sont trompées de bassecour ces deux là. On vient voir des cygnes, pas des bécasses mesdames.
Les autres zones sont situées dans les estrades, comme au cinéma en fait. Même la place la plus éloignée mais dans les gradins voire même sur le côté devait rendre visuellement le spectacle plus accessible. Vous pouviez sans doute avoir la chance incroyable d'apercevoir le
ballet dans son ensemble, de voir les danseurs de la tête au pied ainsi
que l'orchestre. De ma place j'apercevais à peine la tête du chef
d'orchestre alors les musiciens assis, vous pensez bien ! Tout sauf le carré or.